Le monde pictural abstrait d’Abderrahim Labyad est un monde dense complexe qui comme la vie, comporte des moments de joie de douleur, de colère, d’apaisement. Cette complexité se traduit dans la matière, les formes, les couleurs, les textures, les signes qui peuplent le monde de cet artiste.

Dans ce monde les couleurs s’interpénètrent parfois comme dans un rêve où les limites s’estompent. D’autres fois les couleurs s’inversent : un monde souterrain bleu, fluide, aquatique et un ciel rougeoyant, agressé de sombres gratte-ciel.

Des textures en relief semblent nous appeler vers un monde inconnu et mystérieux. Les formes définies, franches ou floues, antinomiques parfois, comme ces spirales de vie aux couleurs fraîches s’écoulant vers des rouges flamboyants. Des lignes qui limitent des mondes juxtaposés ou d’autres qui se conjuguent en spirales triangulaires ou en signes, alphabet énigmatique qui défie les écritures conventionnelles. Des bribes de tapis superposés, ces tableaux de nos grand-mères, revendiquant leur place dans l’art moderne à travers leurs couleurs et leurs signes.

Dans les tableaux figuratifs d’Abderrahim Labyad, on trouve une nature aux couleurs douces où la beauté nous transporte dans un monde paradisiaque où l’humain est absent comme un rêve de paix loin du bruit et de la fureur de la civilisation humaine. Et quand l’humain apparaît, il occupe tout le tableau, comme cette dame au doux visage, collier de perles et cheveux rouges de henné, ces danseuses aériennes, ou encore Abdelkrim El Khattabi au regard perçant avec comme arrière-plan la chaîne fière du Rif.

L’œuvre de Abderrahim a quelque chose de magique, des joies et des douleurs qui viennent de loin, qui émanent des tableaux et vous donnent envie d’y revenir d’en comprendre l’énigme et la profondeur.

Hafsa Bekri Lamrani,

Poétesse.