Né en 1951 à Salé, ville voisine de Rabat, j’ai grandi dans un environnement imprégné d’histoire et de traditions artistiques. Ville corsaire au passé fascinant, Salé a toujours été un foyer culturel vibrant, où la musique soufie et populaire, l’artisanat raffiné et l’architecture traditionnelle nourrissent un imaginaire riche. Grandir dans cette atmosphère a façonné ma sensibilité artistique et éveillé mon goût pour la création. Dès mon plus jeune âge, le dessin s’est imposé à moi comme une nécessité. Dans le Maroc des premières années de l’indépendance, les moyens d’apprentissage étaient limités, et seule la passion permettait de progresser. Armé de patience et de curiosité, j’ai exploré seul les bases du trait, de la composition et de la lumière, développant une approche intuitive et autodidacte. Le dessin a toujours été un fil conducteur, mais c’est à la fin des années 80 que ma pratique s’est intensifiée avec la peinture. Apprivoiser la couleur, maîtriser la touche, comprendre la profondeur et les jeux d’ombre et de lumière… Chaque toile est devenue un défi et une source d’apprentissage. L’arrivée d’Internet a ensuite ouvert de nouvelles perspectives, en offrant un accès direct aux œuvres et aux techniques d’artistes confirmés à travers le monde. Longtemps, ma peinture est restée une démarche intime, partagée avec mes proches. Malgré leurs encouragements, il m’a fallu du temps avant d’oser exposer mon travail. Ce n’est qu’en 2021 que j’ai franchi ce cap, en intégrant un collectif d’artistes ayant déjà une solide expérience. Cette première exposition collective a rencontré un bel accueil, y compris auprès de peintres reconnus, et a été un véritable déclencheur dans mon parcours. Depuis, les expositions se sont enchaînées, renforçant ma démarche et mon engagement dans la création. Aujourd’hui, je prépare avec enthousiasme ma prochaine exposition, qui se tiendra à Paris en novembre 2025, une nouvelle étape dans cette aventure artistique.

Hafsa Bekri Lamrani, poétesse et amie, expose dans un texte son regard sur ma peinture. En voici un extrait.    
Le monde pictural abstrait d’Abderrahim Labyad est un monde dense complexe qui comme la vie, comporte des moments de joie de douleur, de colère, d’apaisement. Cette complexité se traduit dans la matière, les formes, les couleurs, les textures, les signes qui peuplent le monde de cet artiste. Dans ce monde les couleurs s’interpénètrent parfois comme dans un rêve où les limites s’estompent. D’autres fois les couleurs s’inversent : un monde souterrain bleu, fluide, aquatique et un ciel rougeoyant, agressé de sombres gratte-ciel. Des textures en relief semblent nous appeler vers un monde inconnu et mystérieux. Les formes définies, franches ou floues, antinomiques parfois, comme ces spirales de vie aux couleurs fraîches s’écoulant vers des rouges flamboyants. Des lignes qui limitent des mondes juxtaposés ou d’autres qui se conjuguent en spirales triangulaires ou en signes, alphabet énigmatique qui défie les écritures conventionnelles. Des bribes de tapis superposés, ces tableaux de nos grand-mères, revendiquant leur place dans l’art moderne à travers leurs couleurs et leurs signes. Hafsa Bekri Lamrani Poétesse (Extrait).